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La liberté d’expression en péril au Burundi

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Depuis le 19 avril dernier la liberté d’expression est en danger au Burundi. Un projet de loi visant à renforcer le contrôle de l’Etat sur le métier de journaliste a été adopté par l’Assemblée nationale. Cette loi devrait être prochainement ratifiée par le président de la république.

Pour soutenir la démocratie et la bonne gouvernance, la presse doit avoir la liberté de rendre compte de l’actualité, sans crainte d'intimidation. L’association Burundaise des Consommateurs (ABUCO), section burundaise de Transparency International et 14 organisations de la société civile œuvrant dans le domaine de la bonne gouvernance ont soumis un lettre au président de la république pour en demander l’amendement.

Restriction de la protection des sources

Au Burundi, les journalistes sont victimes de harcèlement et d’arrestations arbitraires. Si le projet de loi est promulgué, il rendra les journalistes pénalement responsables dans le cadre de leur profession. Selon l’article 16 les journalistes devront révéler leurs sources si le gouvernement estime que les informations sont susceptibles de constituer une menace à l'ordre public, la sécurité nationale ou «l'intégrité morale et physique d'une ou plusieurs personnes». L’article 20 limite le droit de couvrir tout sujet ayant trait à l’État ou à la sécurité publique, menaçant l’économie nationale ou constituant un outrage ou une injure à l’endroit du chef de l’État.

Tout journaliste faisant un reportage portant atteinte à la sécurité de l'État ou de l'économie nationale risque une peine d'emprisonnement maximale de cinq ans, et des amendes allant jusqu'à 8 millions de francs burundais (soit plus de 5.000 dollars américains). Enfin cette loi permet au Conseil national de la communication (CNC) de contrôler la couverture de l’actualité en lui donnant l’autorité de délivrer la carte de presse et l’accréditation aux journalistes qui veulent couvrir des événements.

Entrave à la bonne gouvernance

Le Burundi a mis en place un dispositif institutionnel de lutte contre la corruption en ratifiant la Convention de l’Union Africaine sur la Prévention et la Lutte contre la Corruption en 2005 et la Convention des Nations Unies contre la Corruption en 2007.

Les organisations de la société civile œuvrant pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption avaient salué la mise en place de la stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de lutte contre la Corruption (SNBGLC). Les résultats attendus de cette stratégie visent à faciliter l’accès à l’information et permettre aux journalistes de pratiquer leur métier plus librement.

Cependant la ratification de cette loi « entraînerait inévitablement l’enracinement de la corruption et la consécration de l’impunité. En effet, les crimes économiques liés à la corruption et les crimes de violation des droits de l’homme risquent de ne plus être dénoncés par une presse sous pression et volontairement muselée » explique Noel Nkurunziza président d’ABUCO la section burundaise de Transparency International.

« Nous appelons le gouvernement à rejeter le projet de loi sous sa forme actuelle et à garantir la liberté d’expression de l’ensemble des journalistes au Burundi et à leur permettre de mener leurs activités légitimes en toute liberté et en toute indépendance » a-t- il ajouté.

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