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Le Sommet de l’Union africaine doit être l’occasion de respecter les engagements de la Convention de lutte contre la corruption

Berlin, le 2 février 2021 – Les dirigeants africains réunis cette semaine au Sommet de l’Union africaine doivent redoubler d’efforts pour s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs favorisant la corruption, déclare aujourd’hui Transparency International, qui a récemment publié un rapport sur la mise en œuvre de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption (CUAPLC) dans dix pays. Le constat est clair : il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Ce rapport fait état de lacunes dans la mise en œuvre et l’application des articles de la CUAPLC relatifs au blanchiment d’argent, à l’enrichissement illicite, au financement des partis politiques et à l’espace accordé à la société civile et aux médias.

Lire le rapport : Mise en œuvre et application de la Convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption : étude comparative

Paul Banoba, Conseiller régional pour l’Afrique chez Transparency International, l’affirme : « Il est urgent de donner corps aux engagements qui ont été pris. D’après le dernier Indice de perception de la corruption publié la semaine dernière, c’est à nouveau l’Afrique qui affiche les moins bons résultats. La COVID-19 a mis en lumière l’impact dévastateur de la corruption en Afrique, en particulier sur les communautés vulnérables. Si l’on veut éliminer le fléau de la corruption en Afrique, les dirigeants politiques doivent donner la priorité aux mesures de lutte contre la corruption. Les réunions du Conseil exécutif et de l’Assemblée de l’Union africaine qui se tiennent cette semaine doivent donner l’occasion de redoubler d’engagement et de transformer les promesses en actions décisives. »

Transparency International exhorte les 11 États membres de l’Union africaine qui ne l’ont pas encore fait à achever de toute urgence l’ensemble du processus de ratification de la CUAPLC. Les pays qui ont ratifié la Convention doivent finaliser et soumettre des rapports d’avancement au Conseil consultatif de l’Union africaine sur la corruption (CCUAC) dès que possible. L’UA doit rendre tous les rapports d’avancement accessibles au public afin que les citoyens puissent suivre les engagements internationaux de leurs gouvernements en matière de lutte contre la corruption.

Transparency International appelle également tous les États membres de l’UA à investir dans des compétences techniques spécialisées et des capacités de coordination parmi les enquêteurs, les procureurs et les autres professions spécialisées pour engager des poursuites dans les affaires de corruption complexes. La pleine indépendance du parquet et de la justice doit également être garantie afin que les infractions puissent être poursuivies de manière impartiale.

Tous les États parties de la CUAPLC doivent publier, au moins une fois par an, des données ventilées facilement accessibles sur l’application des infractions de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite et sur les finances des partis politiques, y compris les montants des dons publics et privés reçus et dépensés. Les lacunes dans les lois sur le financement des campagnes politiques doivent être comblées de toute urgence ; il faut instaurer d’une part des sanctions proportionnelles et efficaces pour les infractions, d’autre part des plafonds sur les dons afin d’éviter que les partis ne soient accaparés par des individus fortunés.

La société civile et les médias doivent pouvoir fonctionner sans ingérence ou intimidation ; toutes les accusations de harcèlement de journalistes et de militants doivent faire l’objet d’enquêtes vigoureuses.

« Les gouvernements africains ont le pouvoir de témoigner avec vigueur leur soutien aux médias indépendants et à la société civile en s’engageant de manière plus formelle à leurs côtés et aux côtés d’autres parties prenantes dans la mise en œuvre et le suivi de la Convention. Dans de nombreux pays, les coalitions et plateformes multipartites existantes sont prêtes à jouer ce rôle. Il suffit aux dirigeants politiques de les impliquer, » ajoute Paul Banoba.