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Dans un monde en proie à de plus en plus de violence, l’Indice de perception de la corruption 2022 révèle de maigres progrès contre la corruption

Pour la onzième année consécutive, les niveaux de corruption restent stagnants

Berlin, 31 janvier 2023L’Indice de perception de la corruption 2022 (IPC) publié aujourd’hui par Transparency International montre que la lutte contre la corruption dans le monde reste en grande partie un échec : 95 % des pays n’ont fait que de faibles, voire inexistants, progrès depuis 2017.

En outre, l’Indice mondial de la paix révèle que nous vivons dans un monde moins pacifique. Il existe une corrélation évidente entre violence et corruption, les pays enregistrant les scores les plus bas dans cet indice étant en même temps les moins bien classés dans l’IPC. Les gouvernements affaiblis par la corruption sont incapables d’assurer la protection des populations, et parallèlement le mécontentement des citoyens peut facilement se transformer en violence. Ce cercle vicieux est observable dans tous les pays, du Soudan du Sud (13) au Brésil (38).

Mme Delia Ferreira Rubio, Présidente de Transparency International s’exprime ainsi :

« La corruption fait que notre monde est de plus en plus dangereux. Les gouvernements étant incapables globalement de progresser dans la lutte contre ce fléau, ils alimentent la montée actuelle de la violence et des conflits, et mettent en danger la sécurité des personnes partout dans le monde. La seule issue possible, c´est que les États se mettent à la tâche afin de déloger la corruption à tous les niveaux, pour s´assurer que les autorités publiques agissent pour le bien de tous et non pas seulement pour une petite élite. » 

FAITS MARQUANTS AU NIVEAU MONDIAL

L’IPC classe 180 pays et territoires sur une échelle qui va de zéro (0 = forte corruption) à cent (100 = aucune corruption), en fonction du degré de perception de la corruption dans le secteur public.

La moyenne mondiale de l’IPC reste inchangée, à 43 points, pour la onzième année consécutive, et plus des deux tiers des pays, avec un score inférieur à 50, font face à de sérieux problèmes de corruption.

  • Le Danemark, avec un score de 90, est en tête de l’indice de cette année, suivi de près par la Finlande et la Nouvelle-Zélande (87). Des institutions démocratiques solides et le respect des droits de l’homme qui caractérisent ces pays font qu’ils sont parmi les plus pacifiques selon l’Indice mondial de la paix.
  • Le Soudan du Sud (13), la Syrie (13) et la Somalie (12), pays impliqués dans des conflits de longue date, restent au bas du classement IPC.
  • 26 pays – parmi lesquels le Royaume-Uni (73), le Qatar (58) et le Guatemala (24)  – enregistrent des scores historiquement au plus bas cette année.

Depuis 2017, dix pays ont vu leur classement IPC décliner fortement.

  • Les pays ayant reculé le plus notablement sont : le Luxembourg (77), le Canada (74), le Royaume-Uni (73), l’Autriche (71), la Malaisie (47), la Mongolie (33), le Pakistan (27), le Honduras (23), le Nicaragua (19) et Haïti (17).
  • Au cours de la même période, huit pays sont remontés au classement : l’Irlande (77), la Corée du Sud (63), l’Arménie (46), le Viet Nam (42), les Maldives (40), la Moldavie (39), l’Angola (33) et l’Ouzbékistan (31).

Pour connaître le score de chaque pays et son évolution dans le temps, ainsi que l’analyse par région, veuillez consulter la page IPC 2022.

CORRUPTION, CONFLITS ET SÉCURITÉ

La corruption, les conflits et les problèmes sécuritaires sont profondément liés. Les malversations, les détournements et les vols de fonds publics ont pour effet de priver les institutions en charge de la protection des citoyens, du respect de l’État de droit et du maintien de la paix, des ressources nécessaires pour remplir ces missions essentielles. Les groupements criminels et terroristes profitent souvent de l’aide et de la complicité de fonctionnaires corrompus, agents de l’ordre, juges ou politiciens, ce qui leur permet d’opérer en toute impunité et de prospérer.

  • L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a été un rappel brutal de la menace que la corruption et l’absence de redevabilité des gouvernements font peser sur la paix et la sécurité mondiales: en Russie (28), les kleptocrates ont amassé de grandes fortunes en promettant fidélité au président Vladimir Poutine, en échange de contrats publics lucratifs et de la protection de leurs intérêts économiques ; l’absence de contrepoids au pouvoir de Poutine lui permet de poursuivre ses ambitions géopolitiques en toute impunité. Cette agression a déstabilisé l’ensemble du continent européen, menaçant la démocratie et faisant des dizaines de milliers de morts.
  • Après des décennies de conflit, le Soudan du Sud (13) traverse une crise humanitaire majeure : plus de la moitié de sa population fait face à une insécurité alimentaire grave, situation que la corruption exacerbe encore davantage. Un rapport de l’organisation The Sentry de l’année dernière a révélé qu’un stratagème de fraude massive, monté par un réseau de politiciens corrompus entretenant des liens avec la famille du Président, avait permis de détourner des fonds d’aide alimentaire, médicale et au carburant.
  • Le mélange corruption, autoritarisme et ralentissement économique s'est avéré particulièrement explosif au Brésil (38) où le mandat du Président Jair Bolsonaro a été marqué par le démantèlement de cadres normatifs de lutte contre la corruption, par l’utilisation de pratiques douteuses pour favoriser les partisans et gagner un soutien politique au sein de l’organe législatif, ainsi que par la désinformation et des atteintes à l’espace civique. En Janvier 2023, Bolsonaro ayant perdu son pari à la réélection, ses partisans se sont livrés à de violentes attaques contre le Parlement, la Cour suprême et le palais présidentiel, mettant en danger la vie de policiers et de journalistes, et vandalisant des bâtiments dans le but de perturber la passation pacifique du pouvoir à Luiz Inácio Lula da Silva, élu de nouveau à la tête du pays.
  • Ce sont des plaintes pour corruption qui ont contribué à déclencher une guerre civile au Yémen (16), laquelle dure depuis huit ans. Aujourd’hui, l’État s’est effondré, laissant les deux tiers de la population sans nourriture suffisante. Ce pays connaît actuellement l’une des pires crises humanitaires dans le monde.
  • Même dans les pays où les mesures de lutte contre la corruption sont relativement fortes, le secteur de la défense reste souvent soumis au secret, ce qui ouvre la porte à des influences indues et à certaines formes de corruption. Selon l’Indice d’intégrité gouvernementale dans le secteur de la défense, seuls 9 pays sur les 85 évalués présentent un risque de corruption faible ou très faible. Ce constat est assez troublant si l’on considère que de nombreux États s’apprêtent à augmenter leurs dépenses militaires pour faire face aux menaces montantes, et à la guerre en Ukraine. En Allemagne (79), par exemple, le gouvernement a constitué un nouveau fonds de 100 milliards d’euros pour réorganiser les forces armées ; mais si en conséquence les procédures de passation de marchés sont simplifiées, cela peut être la porte ouverte à la corruption. Néanmoins, une nouvelle stratégie nationale de sécurité est actuellement en discussion au sein du pouvoir exécutif, qui pourrait être l’occasion de renforcer les mécanismes d’intégrité et de transparence si elle est adoptée.

Transparency International appelle les gouvernements à accorder la priorité aux engagements de lutte contre la corruption, en renforçant les freins et contrepoids, en garantissant le droit à l’information et en limitant les influences privées, afin d’aider le monde à se libérer de la corruption – et de la violence qu’elle entraîne.

Daniel Eriksson, directeur général de Transparency International, a déclaré :

« La bonne nouvelle c’est que les dirigeants peuvent en même temps combattre la corruption et promouvoir la paix. Les gouvernements doivent ouvrir des espaces permettant aux citoyens – militants, entrepreneurs, membres de communautés marginalisées, jeunes, etc. – de participer à la prise de décisions. Dans les sociétés démocratiques, le peuple peut faire entendre sa voix pour aider à éradiquer la corruption et exiger un monde plus sûr pour tous. »


NOTE
AUX RÉDACTEURS

La page pour les médias présente le rapport IPC 2022, ainsi qu’un ensemble complet de données et la méthodologie suivie, outre une analyse complémentaire des six régions mettant en relief les pays à suivre en particulier, notamment le Brésil (38), le Sri Lanka (36), l’Ukraine (33) et le Royaume-Uni (73). Consulter ce lien : https://www.transparency.org/en/cpi/2022/media-kit.


DEMANDE D’ENTRETIENS

Pour toute demande concernant un pays en particulier, merci de contacter les sections nationales de Transparency International.

Et pour toute demande de précision concernant les conclusions tirées au niveau régional et au niveau mondial, merci de prendre contact avec le secrétariat de Transparency International : [email protected].


À PROPOS DE L’INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION

Depuis sa création en 1995, l'Indice de perception de la corruption est devenu le principal indicateur, à l’échelle mondiale, de la corruption dans le secteur public. Il permet de classer 180 pays et territoires en fonction de ce critère, en utilisant des données provenant de 13 sources externes, dont celles de la Banque mondiale, du Forum économique mondial, de sociétés privées de conseil et de gestion des risques, de groupes de réflexion et autres. Les scores attribués reflètent l’opinion d’experts et de personnalités du monde des d'affaires.

La méthodologie de calcul de l’IPC est régulièrement revue pour garantir, autant que possible, sa robustesse et sa cohérence. Et elle l’a été récemment, en 2017, par le Centre commun de recherche de la Commission européenne. Depuis 2012, tous les scores IPC sont comparables d’une année sur l’autre. Pour plus d’informations, cet article est à votre disposition : L’abc de l’IPC : calcul de l’Indice de perception de la corruption.