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L’éducation primaire publique coincée entre la mal gouvernance et un accès gratuit illusoire

Le manque de transparence, l’absence de redevabilté, et le paiement des frais illégaux dans les écoles primaires publiques anéantissent tout effort d’amélioration de la qualité des services destinés aux écoles du Cameroun, selon une étude publiée ce jour par Transparency International Cameroon, organisme de lutte contre la corruption.

Selon cette étude, des déficits moyens et élevés de gouvernance se situent dans les relations entre les délégations départementales, les inspections d’arrondissement, les directeurs d’écoles, les enseignants, les ménages et les APEE, alors qu’une perception élevée de corruption est localisée dans les relations entre le MINEDUB, la délégation départementale, les inspections d’arrondissement, les enseignants, les ménages, les directeurs d’écoles et les acteurs externes.

« Le programme TISDA constitue une belle opportunité pour Transparency International Cameroon d’informer et sensibiliser aux questions de corruption dans le système éducatif ainsi qu’aux dommages qu’elle fait peser sur la collectivité », déclare Me Charles Nguini, Président de Transparency International Cameroon.

L’étude « Cartographie des déficits de transparence et d’intégrité dans l’éducation primaire au Cameroun » est le résultat des interviews menées auprès de plus de 1400 cibles parmi lesquelles les directeurs d’école, les enseignants, les membres des conseils d’écoles et des APEE, les élèves, les ménages, les inspecteurs d’arrondissement à l’éducation de base, les délégués départementaux et régionaux à l’éducation de base.

Les résultats de l’étude pointent un doigt accusateur sur la mal gouvernance du système. L’absence d’obligation de rendre compte, le manque de transparence et d’intégrité ont pour conséquence immédiate une mauvaise utilisation des fonds mis à la disposition des services déconcentrés, ce qui entraine une absence criarde d’infrastructures, et une éducation de piètre qualité. L’étude relève quelques points saillants :

  • Trois parents sur quatre pensent que les frais d’APEE sont obligatoires pour inscrire son enfant dans une école primaire publique
  • Les inspecteurs, directeurs d’école, les enseignants, les membres du conseil d’école estiment que les détournements de fonds de l’éducation sont plus localisés au niveau départemental et ministériel
  • Une école sur dix reçoit son paquet minimum à temps, celui-ci est suffisant pour une école sur quatre, de même il est de bonne qualité pour une école sur trois, il est adapté aux besoins pour une école sur deux
  • Seule une école sur cinq a des toilettes en état de fonctionnement, une école sur trois a accès à l’eau de toute sorte, enfin seule une école sur trois dispose des tables bancs en nombre suffisant pour les élèves
  • Chaque parent d’élève paie en moyenne 20 000 (vingt mille) francs CFA de frais illégaux par an pour l’éducation d’un enfant dans une école primaire publique au Cameroun

Face à tous ces problèmes, l’étude propose des recommandations portant sur la promptitude, la complétude, la qualité, et l’adéquation du paquet minimum, la divulgation et le respect des textes régissant le secteur, la révision des textes portant modalité d’exécution du budget des établissements relatif aux dépenses sous-rubriques pour plus de lisibilité et la gestion rigoureuse de ces budgets.

Note: TISDA (Transparency and Intergrity in Service Delivery in Africa) est un programme de trois ans, mis en œuvre par sept pays africains dans les secteurs de l’eau (Kenya, Ghana, Sénégal), de la santé (Ouganda, Zambie), et de l’éducation (Cameroun et Afrique du Sud). Au Cameroun, le programme concerne trois régions (Centre, Sud, et Littoral), avec un total de 48 écoles. Les données ont été collectées entre le 21 mars et le 06 avril 2010.


For any press enquiries please contact

Gabriel Ngwé
Coordonateur du projet
Transparency International Cameroon
T: +237 22 20 60 22
M: +237 97494002
www.ti-cameroon.org
E: [email protected]